Big city life & Pachamama : la Nature est toujours là
Pour celles et ceux qui craignent d'avoir abandonné la Nature, ou pire encore, qu'Elle ne les ait abandonné.es...
Depuis quelques mois, les circonstances de la vie me ballotent de part et d’autre de l’Atlantique. Certaines personnes me disent que j’ai de la chance de pouvoir me partager ainsi entre l’Europe et la Caraïbe – un arrangement qui fait rêver beaucoup des nôtres, pris au piège d’un exil tristement classique pour qui vit en dystopie postcoloniale… Avec une pointe d’envie dans la voix, on me dit que je suis vernie d’avoir 2 maisons, mais parfois, je me demande si cela ne revient pas à dire que je n’en ai aucune.
De cette vie en balancier, c’est la discontinuité du contact avec la Nature qui me crée le plus d’anxiété. Il faut dire que durant les 2 dernières années, enracinée comme une ronce dans la terre humide de la Martinique, j’ai découvert en Elle une complétude que je ne soupçonnais pas. C’est au cœur de la Forêt de Bouliki, là où Bambous et Lucioles se font enseignants, que la vision de La Prophétie des Sœurs Serpents est née. Lorsque je parle de cette période de ma vie, aussi magique qu’étrange, je dis en riant que j’ai vécu « comme une enfant sauvage ».
Alors aujourd’hui que je suis loin de la Forêt, et que le béton a remplacé Bambous et Lucioles, je me sens parfois perdue, pas à ma place. L’artificialité des mégalopoles occidentales, l’ultime folie qu’elles incarnent, me suffoque et m’enrage.
Sauf qu’aujourd’hui, je me suis promenée le long d’un port industriel, et j’ai senti Vent, Oiseaux et Marée. Alors, j’ai compris qu’où que me portent mes pas, Bambous et Lucioles veillent toujours sur moi, seulement sous d’autres formes, seulement sous d’autres noms.
Même au milieu de la plus grande artificialité, Pachamama est toujours là. Ou plutôt, au sein de Pachamama, l’artificialité aussi est là. Car rien n’existe hors de Pachamama.
Ram Dass, qui a le chic pour les formules humoristiques, a dit : « why are you rejecting the city? Saying it’s not spiritual enough? The city is just being itself, citying!”.
Peut-être est-ce ainsi qu’on fait la paix avec notre laideur, et les ravages de cette civilisation mortifère. En voyant que nulle part, il n’y a séparation. Et que la Terre a miséricorde pour tous ses enfants.