3 décembre 1961. Alors qu’il vient de léguer au monde ce qui deviendra son œuvre la plus puissante, Les Damnés de la Terre, l’écrivain anticolonialiste Frantz Fanon s’apprête à tirer sa dernière révérence. Il n’a que trente-six ans, et un foudroyant cancer du sang le ronge : abrupt point final porté à une trajectoire de vie aussi brève que stellaire, laquelle l’a mené de sa Martinique natale à l’Algérie coloniale ; de médecin-chef en hôpital psychiatrique, à mudjahid au sein de l’armée de libération nationale. Allité dans une clinique militaire de Washington où il a été transféré en urgence, Fanon se fait lire à haute voix une longue recension de son essai parue dans L’Express du 30 novembre. L’article est élogieux, pourtant, c’est par ces mots laconiques qu’y réagit l’écrivain : “Ce n’est pas cela qui me rendra ma moëlle”. Il décède cinq jours plus tard.
Les derniers mots de Fanon me hantent depuis que je les ai découverts il y a quelques années. Il va sans dire que ma modeste contribution n’égalera jamais son oeuvre immense, et encore moins le sacrifice littéral auquel il consentit. Pourtant, la lassitude et la profonde amertume que traduisent ses derniers mots, j’ai la sensation de les connaître intimement, comme tant d’autres militant.es, artistes et auteur.ices racisé.es vivant en dystopie postcoloniale. Je crois qu’il n’est pas anodin que Fanon ait été emporté par une leucémie - ce cancer qui, dans la symbolique des maladies, correspondrait au conflit destructeur de celui qui se refuse à être nourri par son propre sang ; de celui qui, depuis le noyau de ses globules blancs, capitule face au combat incessant que lui semble constituer l’existence.
L’approche psycho-émotionnelle considère le cancer comme la manifestation d’émotions destructrices qui, à force d’être réprimées, finiraient par se retourner contre leur hôte... Fanon ne fut pas le seul intellectuel noir célèbre à être fauché par ce mal qui ronge de l’intérieur : à chaud, me viennent en tête James Baldwin, cancer de l’estomac (soixante-trois ans), Audre Lorde, cancer du sein (cinquante-huit ans), Suzanne Roussi Césaire, cancer du cerveau (cinquante-et-un ans).
Il s’avère qu’à l’instar de nombreuses personnes racisées de mon entourage amical et militant, je suis atteinte de deux maladies chroniques invalidantes - la dépression et l’endométriose -, avec lesquelles je chemine tant bien que mal depuis bientôt vingt ans. La recherche médicale et psychosociale commence à peine à comprendre l’impact du racisme sur la santé de celleux qui le subissent. Aux États-Unis où le débat scientifique est bien plus avancé sur ces questions, plusieurs études ont mis en évidence la prévalence supérieure des maladies chroniques chez les personnes racisées, en particulier noires et autochtones : cancer, diabète, pression artérielle, arthrose, scléroses etc… sans oublier les troubles mentaux. Ces maladies seraient, dans une large mesure, le résultat d’un stress inflammatoire prolongé, que les chercheur.euses relient à l’impact cumulatif d’une vie entière passée sous le joug de la discrimination sociale, économique et politique. Plus encore, les dernières avancées de l’épigénétique révèlent la dimension transgénérationnelle du trauma colonial qui se transmet de façon héréditaire...
Le racisme nous tue. Le sexisme nous tue. L’impuissance et la rage nous tuent. Et bien que la lutte politique soit matériellement indispensable, en sus d’être restauratrice de nos dignités piétinées, elle ne suffira pas à elle seule à nous sauver de cette peine ancestrale qui se dissimule derrière le paravent flamboyant de la colère. La nécessité de survie ne nous a longtemps laissé d’autre choix que de nous jeter corps et âme dans un combat contre, tourné vers l’extérieur, et qui a parfois pu ressembler à une fuite en avant… Mais que se passe-t-il lorsque nous nous arrêtons pour contempler enfin le champ de ruines de nos tréfonds ?
Après des décennies passées à nier vigoureusement la question raciale, le monde médiatique français semble enfin lui faire un peu de place, et c’est tant mieux. Il émerge depuis quelques temps un nombre croissant de contenus analytiques et pédagogiques sur le racisme, qui visent à mettre en lumière “ce grand impensé” de la société française. Mais alors que ces nouveaux débats font bon chemin, je ne puis m’empêcher de me demander : impensé par qui ? Pour nous personnes racisées, la race est surpensée, en même temps qu’elle est surincarnée : parce qu’elle imprègne chacun des moindres aspects de nos existences individuelles et collectives, nous n’avons jamais eu d’autre choix que de l’analyser et de tenter d’en faire sens. Et dans cette entreprise, nous n’avons pas attendu que la société française majoritaire se mette au diapason.
Depuis longtemps, les personnes racisées françaises lisent, pensent et écrivent en constellation avec le reste du monde postcolonisé. Nous nous nourissons des échos de l’Atlantique noir - de W.E.B. Dubois, de Stuart Hall, de Toni Morrison, d’Angela Davis, de James Baldwin et de Beatriz Nascimento -, en même temps que nous le nourrissons des nôtres - d’Aimé Césaire, de Maryse Condé, de Fanon, d’Edouard Glissant, d’Awa Thiam… Asphyxié.es par la néantisation symbolique à laquelle nous a longtemps astreint la France, nous sommes nombreux.ses à avoir appris l’anglais comme un plongeur apprend l’apnée : il a été le cordon salvateur dont nous avons suivi le fil pour accéder à ces noirs océans de pensée.
Ainsi, alors que la société française majoritaire commence enfin à émerger de son sommeil de plomb sur ces questions, nous autres racisé.es de France avons déjà eu le temps d’en faire tour sur tour. C’est la raison pour laquelle la percée tardive de la race dans le débat public français mainstream - un euphémisme coquet pour ne pas dire blanc -, ne pourra jamais constituer qu’une victoire partielle et partiale. Car pour un bon nombre d’entre eux, les contenus antiracistes ne sont pas vraiment destinés à répondre aux besoins et préoccupations des personnes qui vivent sous la coupe quotidienne de la race et de l’empire : il s’agit bien plutôt de faire la démonstration de son caractère systémique, de décrire chacune des ses manifestations, d’expliquer ce que cela signifie que l’intersectionnalité, d’enjoindre à “checker ses privilèges”, d’enseigner comment être “un.e allié.e”... En somme, il s’agit, avant tout et surtout, d’éduquer les personnes blanches, implicitement considérées comme l’auditoire par défaut au même titre qu’elles incarneraient l’expérience humaine standard. C’est peut-être cela, l’ultime tragédie : même lorsque l’on consent enfin à nous donner tribune, cela demeure à la condition que notre parole soit utile d’une façon ou d’une autre aux personnes blanches, et conforme à l’agenda de leurs besoins. Le fameux white gaze décrit par Toni Morrison - le regard blanc en dehors duquel il semble impossible d’exister pour les personnes racisées - semble toujours aussi inéluctable…
Là encore, les derniers jours de Frantz Fanon nous offrent une amère méditation sur la violence insidieuse du regard blanc. Sur son lit d'hôpital américain, outre la recension de L’Express, celui-ci se fit lire la préface rédigée par Jean-Paul Sartre pour Les Damnés de la Terre. Plus tard, ses proches raconteraient que, contrairement à son habitude, l’écrivain demeura étrangement silencieux à l’issue de cette lecture. Il a depuis été expliqué à quel point le texte de Sartre constitue une trahison patente de la pensée fanonienne. En effet, cette préface opère une simplification regrettable de sa réflexion sur la violence des colonisé.es, laquelle se retrouve dévoyée en ressort moralisateur pour intellectuels blancs de gauche - ce que nous appellerions aujourd’hui, le white guilt, ou la culpabilité blanche. Sous couvert de manifester compassion et contrition, la culpabilité blanche opère paradoxalement une déviation des conversations sur le racisme, en les recentrant autour des émotions et de l’impératif d’éducation des personnes blanches. Elle privilégie le repentir symbolique (et parfois, hélas, performatif…) et la progression morale de ces dernières, au détriment non seulement de leur action, mais surtout, des voix et des émotions des personnes racisées.
Mais n’en déplaise à Sartre, Fanon n’écrivit pas son texte pour culpabiliser les blanc.hes, pour la simple et bonne raison que Fanon n’écrivait pas pour les blanc.hes. Les Damnés de la Terre est une lettre d’amour et d’adieu, écrite par un colonisé pour les colonisé.es du monde entier. Le fait que dans les années qui suivirent sa parution, la préface de Sartre fût lue davantage que le livre lui-même en France (elle en fut longtemps considérée comme une synthèse suffisante), en dit long sur la difficulté profonde qu’a la société française à accepter que nous puissions parler non seulement par et pour nous-mêmes, mais aussi et surtout à nous-mêmes.
Dans cette injonction implicite (et souvent inconsciente) qui est faite aux racisé.es de faire oeuvre de pédagogie envers les personnes blanches, l’on pourrait voir un avatar particulièrement pernicieux de la fragilité blanche : popularisé par la sociologue étasunienne Robin DiAngelo et son ouvrage White Fragility: Why It’s So Hard for White People to Talk About Racism (2018), ce concept illumine les mécanismes structurels qui protègent les personnes blanches de tout inconfort lié à la race, à commencer par celui de devoir y penser. Finalement, ne serait-ce pas l’ultime mutation de la fragilité blanche, que de considérer qu’il serait du devoir des personnes racisées de sauver la société blanche quant au racisme qu’elle ne cesse elle-même de manufacturer ?
Me revient ironiquement en mémoire la figure du magical negro, le nègre magique : cette expression irrévérencieuse, que l’on doit au réalisateur Spike Lee, tourne en dérision un ressort archétypal très répandu dans le cinéma étasunien qui met en scène des personnages noirs unidimensionnels dont la raison d’être consiste à servir le développement moral des protagonistes blancs. Le magical negro est sage, généreux et indulgent ; il n’entretient aucune colère ni ressentiment ; agent de rédemption, il abreuve le protagoniste blanc d’une clémence et d’une miséricorde quasi-divines. Le protagoniste blanc peut ensuite s’en aller conquérir de nouvelles aventures, enrichi des leçons gracieusement dispensées par celui qui ne constituera jamais plus qu’une note de bas de page dans son arc narratif…
Mais tandis que le magical negro s’emploie à sauver le héros blanc, qui le sauvera lui ?
Récemment de passage à Paris, j’ai recroisé la route d’anciens camarades des bancs de Sciences Po, avec lesquels nous avons pris plaisir à nous remémorer les aventures vécues ensemble il y a dix ans. L’un d’entre eux, un homme blanc de gauche issu d’un milieu bourgeois, m’a alors agréablement surprise en me remerciant pour les longues discussions passionnées - et parfois tempêteuses - que nous avions à l’époque au sujet du racisme et de la colonisation. C’était un temps où ces sujets étaient largement absents des universités et des grandes ondes françaises ; un temps où l’on fuyait le mot race comme la peste, ou alors en le concédant honteusement entre guillemets, avant de conclure fébrilement que ce-qui-compte-c’est-avant-tout-la-classe-sociale. “Grâce à toi”, m’a ce jour-là confié mon ami, “j’ai pu saisir beaucoup de choses qu’il m’aurait autrement fallu beaucoup de temps pour comprendre”. Son intention était sincère, le sentiment touchant. Pourtant, j’ai senti mon corps se raidir. Une vague de souvenirs et de sensations m’est remontée dans la gorge. La sidération qui m’étreint l’estomac alors que j’entends une expression de racisme inconscient, proférée dans une soirée entre copains ou dans une salle de classe où je suis la seule personne noire. La peur qui compresse mes poumons, ma voix qui tremble alors que je décide de prendre la parole, parce que je sais bien que l’alternative m’étoufferait encore davantage. La honte chaude qui me brûle les joues alors que j’aperçois mon reflet se dessiner dans les yeux de mon auditoire : celle qui est toujours en colère, celle qui “voit le mal partout”...
Ce jour-là, je réalisais pour la première fois à quel point, près de dix ans plus tard, ces émotions demeuraient vivaces, enregistrées dans mon corps, gravées dans mon système nerveux. Je m’entendis répondre à mon ami un “merci” un peu absent, sans parvenir à articuler le reste. Comment lui dire ce que tout cela m’avait coûté ? Comment lui partager les affres d’anxiété et de dépression dans lesquelles ces années-là m’avaient plongée ?
Derrière chaque personne blanche “déconstruite”, il y a le labeur d’une personne racisée. Et la débauche d’énergie que requiert de ces dernières la tâche d’éduquer les blanc.hes au racisme ne les laisse pas indemnes. Il s’agit d’un véritable fardeau mental, psychique et émotionnel, que la chercheuse française Maboula Soumahoro a théorisé en 2020 via le concept de charge raciale et auquel l’écrivaine Douce Dibondo a récemment consacré un essai éponyme. L’autrice britannique Reni Eddo-Lodge en parle bien, elle qui, dans un billet de blog à fort retentissement, annonçait en 2014 sa décision de ne plus “parler de race avec des Blancs, sauf si c’est absolument nécessaire” (l’ironie de la chose veut que ce billet se soit ensuite transformé en un essai à succès international, qui en pratique a mené l’autrice à beaucoup parler de race avec des Blancs…). “S’il y a, par exemple une intervention médiatique ou une conférence”, écrit Eddo-Lodge, “et que mon propos peut aider untel ou untel à se sentir moins seul, alors j’y participerai. Mais je ne veux plus avoir affaire à des gens qui ne veulent pas écouter ce que j’ai à dire, qui ne cherchent qu’à s’en moquer et qui, honnêtement, ne le méritent pas”.
Aux stratégies mentales pour ménager la fragilité blanche de l’interlocuteur.ice et se protéger de son hostilité, à la fatigue de répéter sans cesse les mêmes arguments, il faudrait aussi ajouter l’avilissement de devoir représenter ad nauseam notre humiliation dans l’espoir de convaincre la société blanche de notre humanité et de notre droit à la dignité ; et ce, tout en assistant à la récupération qu’en fait la machine capitaliste à des fins de sensationnalisme lucratif, autrement appelé trauma porn.
Parfois, comme nous le montre l’exemple précité de Fanon et Sartre, le trauma porn emprunte une forme encore plus sournoise, celle que j’appelle le anger porn, à savoir : l’esthétisation de la colère des artistes et créateur.ices racisé.es par la machine capitaliste. De plus en plus consciente du potentiel lucratif de la culpabilité blanche et du signalement de vertu qu’elle offre à peu de frais, cette dernière pousse le cynisme jusqu’à nous enjoindre de performer notre rage en échange de miettes d’accolades institutionnelles et de visibilité et ce, au détriment de créations qui seraient nourrissantes pour nous-mêmes et pour nos communautés - c’est-à-dire, de créations qui, en sus d’exprimer notre peine, penseraient et représenteraient notre joie, notre guérison et nos futurs d’émancipation.
Par bien des égards, cette situation dystopique me rappelle un épisode sinistre de la série Black Mirror - “15 Million Merits” (2011) -, dans lequel le protagoniste Bingham Madsen, interprété par Daniel Kaluuya, passe du statut de révolutionnaire subversif à celui d’amuseur professionnel. Plutôt que de le censurer ou de l’éliminer, l’État totalitaire a trouvé meilleure stratégie : l’adouber, pour mieux le neutraliser. L’épisode se termine sur une scène glaçante : c’est désormais dans le cadre d’un TV show populaire que l’ancien paria - devenu un riche nanti - dispensera ses diatribes anti-système…
Le racisme systémique est une malédiction transmise de génération en génération depuis près de trois-cent ans, et toute l’énergie que nous dépensons pour aider les Blanc.hes à le penser, représente autant d’énergie en moins pour nous aider à panser les plaies qu’il nous a infligées. À cet égard, la thérapeute étasunienne Patricia June Vickers, membre du peuple autochtone Gitxaala et spécialiste de la question des traumas coloniaux transgénérationnels, raconte cette anecdote éloquente : l’un de ses amis guérisseurs lui parlait d’un hiver où il avait été très malade, et durant lequel il avait vu en songe qu’il avait été maudit par une personne malveillante. Le songe lui avait aussi indiqué la plante médicinale qui lui permettrait de mettre fin au mal, et il avait alors rampé dans la neige pour aller la chercher. “J'ai longtemps réfléchi à son histoire”, écrit Patricia June Vickers. “Il s'est concentré sur l'expérience spirituelle, sur la malédiction et sur l'importance de se procurer l'antidote pour annuler la malédiction. L'accent n'était pas mis sur la personne qui l'avait maudit, seulement sur le fait de retrouver sa santé.”
Dans un monde qui depuis trois siècles nous relègue à la périphérie de l’humanité, la véritable révolution consiste à nous replacer au centre. À réorienter notre précieuse énergie vers l’impératif de notre guérison et celui concomitant de la gestation de nos futurs, tant à l’échelle personnelle que communautaire. Après tout, la libération collective - sociale, matérielle et politique - est le miroir de la libération individuelle - psychique, émotionnelle et spirituelle : elles ne peuvent se mener que de concert.
À l’été 2020, cette réalisation est descendue en moi telle une épiphanie (de celles que la période du covid-19, avec ses confinements à répétition, a engendré par milliers…). C’est là, dans la pénombre claustrophobique de mon petit studio parisien, qu’a commencé mon silent quitting. Non, je ne sauverai pas la France, et encore moins la blanchité. La gangrène de son racisme qu’elle laisse proliférer ; les spectres de son colonialisme qu’elle se refuse à exorciser ; la nostalgie de son empire passé auquel elle persiste follement à s'agripper… Tout cela n’est plus de ma responsabilité ; en réalité, ce ne l’a jamais été. Sans amertume aucune, j’ai déposé les armes, me suis dévêtue des oripeaux du nègre magique, et la légèreté que ce geste m’a insufflée est indicible.
Cet été-là, dans un élan de vie, j’ai fui le monde académico-intellectuel parisien et son paradigme logocentriste, colonial et extractiviste, pour me réinstaller sans objectif en Martinique. Là, durant presque trois ans, je me suis patiemment réancrée dans ma terre maternelle. J’ai laissé ma carcasse fatiguée être renutrie par le rhizome de ma communauté et le nannan des Ancêtres. J’ai contemplé le joyeux disjonctage des balises que la cosmovision occidentale avait implantées dans ma psyché. À Bouliki, j’ai planté ma rage dans le sol meuble de la forêt, et déposé ma peine dans le lit de la rivière. Non pas pour les étouffer, mais pour qu’elles ne m’étouffent plus. Pour qu’elles soient fertilisées et enfin, transmutées en beauté. Cette beauté, c’est aux mien.nes que je l’offre désormais, ainsi qu’à toutes celles et ceux qui s’emploient actuellement à la tâche monumentale d’accoucher le monde d’après.
Je suis bien consciente que nous n’avons pas tous.tes le privilège d’avoir un pays où retourner. Néanmoins, où que nous nous trouvions, je crois que nous avons tous.tes un soi auquel revenir et, je nous le souhaite du fond du coeur, un rhizome à cultiver.
Il est venu le temps de reconstituer notre moëlle.
Tes textes sont tjs magnifiques et sans concession 🔥🔥🔥🔥🔥 PULL UUUUP !