Le paradigme occidental doit mourir pour que vive l'humanité
De l'autorité morale et spirituelle des peuples colonisés.
Il n’y a guère plus à démontrer que ce qui se joue en Palestine doit être nommé. Génocide. En revanche, il y a beaucoup à dire sur ce que cela révèle sous nos latitudes ; sur l’ombre foncière de l’Occident qu’il met en pleine lumière.
L’astrologue que je suis n’a pu s’empêcher de remarquer que le début du génocide a coïncidé avec une éclipse puissante et plutonique dans le signe du Scorpion – l’archétype du Grand Vidangeur qui nous parle de la nécessité de plonger au cœur de notre putrescence, celle-là même que nous avons trop longtemps cachée sous des parfums capiteux.
Carl Jung, père de la psychanalyse moderne – mais je lui préfère sa facette moins connue de féru d’astrologie mystique – écrivait que c’était là le passage initiatique nécessaire au processus d’individuation : mettre les démons de l’inconscient dans la lumière de la conscience, pour qu’ils se consument d’eux-mêmes et que, de leurs cendres, renaisse un individu plus intègre.
Ne nous y trompons pas : de cette purge violente, ce n’est guère l’Occident qui renaîtra de ses cendres, mais l’Humanité. L’Occident, compris non pas en tant qu’entité géographique ou culturelle (ce qu’il n’est pas et n’a jamais été), mais en tant que paradigme et modèle civilisationnel, doit brûler pour que vive l’Humanité.
Si cette phrase vous offusque, si la lire vous fait vous sentir attaqué.e, en particulier en tant que personne européenne/blanche, je vous invite à vous purger vous aussi : car l’Europe n’est pas « l’Occident » ; votre identité profonde n’est pas « l’Occident ».
« L’Occident » est un poison, un méta-monstre matériel et spirituel qui vous asservit au même titre que nous, même s’il est très habile à vous vendre l’illusion que vous n’en souffririez pas vous aussi...
C’est un démon, un égrégore qui a certes pris naissance en Europe il y a trois siècles, mais qui s’est empressé d’en détruire la conscience avant de se répandre dans le reste du monde pour y semer la destruction, l’exploitation, l’asservissement et, surtout, l’illusion de séparation.
Fondé sur la croyance folle en une infinie croissance extérieure - technologique, militaire, économique et matérielle -, cet égrégore qu’est « l’Occident » a délaissé la conquête la plus fondamentale de l’Humanité : la croissance intérieure et spirituelle. Il a dénigré et méprisé cette sagesse dont se rappellent encore les peuples indigènes, tandis que son appétit vorace, condamné à l’insatisfaction permanente, a consommé notre planète et ses fragiles ressources finies, nous poussant tous.tes vers l'abîme dans une course suicidaire…
La première étape pour se délivrer de cet égrégore qu’est “l’Occident”, c’est déjà de le voir et le nommer pour ce qu’il est. Il est vain de réclamer que les grandes puissances occidentales “appliquent enfin leurs principes” - “les droits de l’hommes”, “l’universalisme” -, comme si l’antidote au mal pouvait venir du mal. Comme si ce corpus politico-philosophique n’avait pas été élaboré simultanément au colonialisme esclavagiste et à l’avènement du capitalisme moderne.
Il est vain de nourrir de la déception face au constat de leur “géométrie variable” et de leurs “doubles standards”, comme si cette géométrie et ces standards avaient été pensés pour être autre chose que doubles et variables.
Vain aussi de se battre corps et âme contre les manifestations matérielles du mal - le colonialisme, le racisme, le patriarcat et le capitalisme écocidaire -, tout en négligeant la source paradigmatique, voire disons-le, énergétique, dans laquelle prennent naissance ces phénomènes (je l’ai déjà écrit dans mes précédents articles : c’est là tout le propos de la pensée radicale écoféministe).
Dans son Discours sur le Colonialisme (1950), Aimé Césaire, faisant le procès de l’Europe coloniale, écrivait : “Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde”. Cette phrase, à l’instar de l’oeuvre césairienne toute entière, a joué un rôle majeur dans ma formation politique. Pourtant, aujourd’hui, je ne résonne plus vraiment avec son postulat. L’Occident ne “ruse” pas, et si vous ne vous en rendez pas compte, c’est que vous ne prêtez pas attention. L’Occident fonctionne tel qu’il doit, et a toujours fonctionné - il est un paradigme en cohérence parfaite avec sa nature essentielle.
C’est à nous de dissiper les nuages qui nous empêchent de le voir clairement. Pour enfin, nous en désengager individuellement et collectivement.
Et donc, là est l’objet de cet article : écarter les dernières volutes de brume qui troubleraient peut-être encore notre vision.
Les masques tombent, nous gagnons en clarté.
Ainsi, de ce mois de massacres perpétrés au grand jour en Palestine (NB : grâce aux réseaux sociaux, ce génocide entrera sans doute dans les annales comme étant le plus documenté en live de l’histoire), s’élève un constat cru : les masques sont tombés, et nous avons gagné en clarté.
Clarté quant à la sauvagerie monstrueuse de ce système civilisationnel. Quant à sa détestation fondamentale, indépassable, des personnes non-blanches. Quant à l’illusion que certain.es d’entre nous avaient encore de pouvoir le réformer, le « décoloniser ». Le 17 novembre 2023, Elon Musk décrétait sur Twitter/X, que les appels à la décolonisation constitueraient des « appels à la haine » et au « génocide » contre les personnes juives…. L’emploi de ce simple mot pourra désormais valoir bannissement.
Il importe peu que les militant.es pour la paix, parmi lesquels de nombreuses personnalités juives, répètent depuis 50 ans que l’antisionisme (c’est-à-dire, l’opposition à la politique ethno-nationaliste de l’État israélien) n’a rien à voir avec l’antisémitisme. De même que la critique de l’autoritarisme du régime d’Arabie Saoudite n’est pas de l’islamophobie ; de même que la critique du régime xénophobe de Narendra Modi n’est pas de l’ « anti-hindouisme » ; de même que la critique du fascisme au Myanmar n’est pas de l’ « anti-bouddhisme »….
Il importe peu que les activistes et la majorité du peuple palestinien ne cessent de réclamer la solution d’un État unique, déségrégué et multiconfessionnel : un État où les Juif.ves pourraient demeurer et vivre aux côtés des musulman.es/Arabes, de manière égale et doté.es des mêmes droits.
Il importe peu que nous ne cessions d’expliquer que la décolonisation prescrit la destruction, non pas des individus qui oppriment, mais des structures politiques, économiques et idéologiques qui leur confèrent le pouvoir d’opprimer.
Tout cela importe peu, car nous vivons dans un univers orwellien auquel 1984 n’a rien à envier. La vérité devient le mensonge, le mensonge devient la vérité. La guerre est la paix, la paix est la guerre. Les mots sont vidés de leur sens, retournés à 180°. La rationalité est abolie et, quels que soient les efforts que nous mettons à choisir nos mots, nous avons perdu d’avance. Nous serons inexorablement condamné.es et diabolisé.es, car notre couleur de peau nous a déjà assignés au statut d’ennemi.e, de bête, de sous-humain.
Il y a quelques jours, mon amie palestinienne a été agressée physiquement dans la rue par un homme parce qu’elle portait un keffieh autour du cou. Son agresseur n’était pas un skinhead vêtu d’une veste en cuir cloutée – le type que nous personnes non-blanches sommes éduquées depuis l’enfance à repérer et à fuir. Non, il s’agissait d’un homme blanc quinquagénaire, « bien sous tous rapports », comme on dit. Le genre qui pourrait être votre voisin, votre beau-père, votre collègue de bureau ou votre employeur.
Quant à moi, lors d’un sit-in pacifique et autorisé auquel j’ai participé, j’ai vu des femmes blanches, tout aussi « bon chic bon genre », fondre en larmes de manière hystérique, en nous adressant de furieux doigts d’honneur. Entre leurs larmes, elles hurlaient : « vous êtes des terroristes ! On va tous vous tuer, vous éradiquer jusqu’au dernier ». Tout cela, parce que nous avions l’outrecuidance de scander « stop bombing gaza, stop killing children… ».
Les larmes de ces femmes blanches en talons hauts et tailleur impeccable sont la chose la plus terrifiante que j’ai vue depuis longtemps. Car cela n’avait rien à voir avec des larmes de tristesse. Cela était une rage brûlante, monstrueuse, qui, si elle en avait la licence, nous aurait volontiers massacré.es.
Nous vivons une véritable chasse aux sorcières qui touche de manière disproportionnée des femmes noires, arabes, non-blanches, qui osent s’exprimer avec clarté face à l’horreur et l’injustice.
Ces dernières semaines j’ai vu défiler une centaine de témoignages et d’images en provenance du monde entier, montrant crûment cette rage déchaînée contre celleux qui ne font que dénoncer la violence, voire contre celleux qui ont simplement le malheur d'être identifiables comme Palestinien.nes ou comme musulman.es…. L’une des illustrations les plus tragiques de cette escalade de violence raciste et islamophobe est sans aucun doute le meurtre horrifique du petit Wadea Al Fayoume, un enfant palestino-américain de six ans qui est décédé le 14 octobre 2023 après avoir été poignardé 26 fois par le propriétaire du logement où il résidait avec sa mère à Chicago.
J’ai lu, aussi, des dizaines d’histoires d’artistes et d’intellectuel.les racisé.es ayant perdu leur travail, leurs contrats etc. … Voir notamment le témoignage glaçant de l’artiste afroétasunien.ne trans Anaïs Duplan, dont l’exposition sur l’afrofuturisme a été unilatéralement annulée par le musée Folkwang en raison de ses posts instagram sur la Palestine. En d’autres termes, ce musée allemand a donc commissionné un.e artiste noir.e dont le travail porte sur l’émancipation (car c’est bien ce dont il s’agit quand on parle d’afrofuturisme…), avant de l’annuler précisément parce qu’iel défend l’émancipation IRL… L’occasion de réaliser une fois encore que ces institutions culturelles nous considèrent, nous artistes et intellectuel.les noir.es et queer, comme des “jetons” qu’elles peuvent utiliser pour s’acheter une image progressiste à peu de frais, avant de nous mettre à la poubelle lorsque notre parole les incommode.
Nous vivons une véritable chasse aux sorcières qui touche de manière disproportionnée des femmes noires, arabes, non-blanches, qui osent s’exprimer avec clarté face à l’horreur et l’injustice. Alors, j’ai peur que mon tour arrive.
J’ai peur car, une fois encore, beaucoup de celleux qui se présentent comme nos allié.es blanc.hes dans la lutte pour l’émancipation collective se retournent contre nous, ou pire encore, nous laissent en pâture à cette violence alors que nous avons tellement plus à perdre qu’elleux en nous exposant ainsi.
J’ai peur car ces gens en costard et en tailleur impeccables qui se transforment en démons assoiffés de rage, et bien ces gens m’entourent au quotidien, dissimulés dans la foule anonyme. J’ai peur car je (re)découvre la sauvagerie pure qui se cache sous leurs masques civilisés, cette fameuse banalité du mal dont parlaient Hannah Arendt et James Baldwin. J’ai peur de leur irrationalité, de leur absence d’esprit critique et de pensée autonome, de leur cœur verrouillé. J’ai peur de leur peur, car l'histoire nous a montré comme elle se mue si aisément en violence aveugle.
J’ai peur car je ressens que ce moment historique demeurera un shift dont les effets de long terme seront séismiques. From now on, there is no going back.
J’ai peur car pour ces personnes, dire que les Palestinien.nes ont elleux aussi le droit d’exister et le droit à la dignité, serait en soi un appel à la haine d’un autre groupe humain. Dans leur esprit, notre liberté et notre dignité de peuples colonisés équivaudrait mécaniquement à une menace contre leur sécurité et leurs valeurs ; ce qui ne fait que prouver que leur sécurité et leurs valeurs ne reposent que sur notre oppression.
Celleux qui manipulent la souffrance juive pour justifier la souffrance palestinienne se font les perpétuateurs tant du crime antisémite que du crime colonial - ces deux crimes étant d’une horreur égale.
J’ai peur car, lorsque nous pleurons 10.000 vies sacrifiées et 2 millions de vies à jamais scarifiées, ces personnes n’ont qu’une chose à nous répondre : « oui, mais… le peuple juif a tant souffert ». Oui, cela est un fait, un fait atroce et qui mérite notre plus grande compassion ! Mais les Palestinien.nes – un petit peuple de pêcheurs et de cultivateur.ices d’oliviers et de poètes.ses et de gens simples et généreux qui aiment danser le dabka – sont-ils responsables de l’atroce génocide commis par l’Europe envers le peuple juif ? L’Europe a-t-elle le droit de s’exonérer elle-même de son péché millénaire envers les Juif.ves en martyrisant un autre peuple qu’elle a colonisé ?
Cela est une confirmation ahurissante de ce que l’Occident est incapable de voir le monde hors sa propre grille de lecture, et projette sur nous autres peuples colonisés ses propres tares. Car il faut le rappeler : ce ne sont pas les Palestinien.nes, ni les Arabes, ni les Noir.es d’Afrique et des Amériques, ni les Amérindien.nes, ni les Asiatiques, qui ont durant mille ans massacré et persécuté les Juif.ves. Ce ne sont pas les Arabes et les Amazigh d’Afrique du Nord qui, en 1870, ont instauré le décret Crémieux pour séparer arbitrairement les Juif.ves du peuple algérien, dont ces derniers avaient pourtant toujours fait partie intégrante (une énième illustration la cynique politique coloniale du « diviser pour mieux régner »).
L’Europe a instrumentalisé le trauma multiséculaire qu’elle a elle-même infligé à sa population juive, dans le but d’avancer les pions de sa politique coloniale au Moyen-Orient. Et celleux qui aujourd’hui manipulent la souffrance juive pour justifier la souffrance palestinienne, se font les perpétuateurs tant du crime antisémite que du crime colonial - ces deux crimes étant d’une horreur égale.
J’ai récemment découvert que la Guyane française, le pays de mon père, avait échappé de peu au sort de la Palestine.
En effet, dans les années 1950, le gouvernement israélien, représenté par Shimon Peres, était en pourparlers avec l’État français pour la cession de la Guyane. L’objectif : transformer en colonie israélienne ce « territoire » d’Amérique du Sud auquel s’agrippe encore une France attachée à son anachronique empire colonial. Le projet fut finalement abandonné, le premier ministre Ben Gourion ayant considéré qu’un État juif unique sis en Palestine était largement suffisant.
Cette histoire m’a donné des frissons d’horreur. Car n’en déplaise à certains de mes compatriotes caribéens qui considèrent que le sort de la Palestine ne les concernerait pas, nous sommes tous dans le même bateau. Voilà donc ce que nous représentons aux yeux des grandes puissances occidentales : une « chose » à « céder » au gré de leurs intérêts du moment.
La rhétorique de « la terre sans peuple pour un peuple sans terre » qui fut utilisée pour justifier la politique coloniale de l’État d’Israël ne nous est que trop familière à nous descendant.es de peuples indigènes. Les Amérindien.nes de la Guyane française, qui continuent de se battre pour le droit d’exister dignement sur leurs terres ancestrales, pourront en témoigner mieux que moi…
Pour en revenir à la Palestine, l’historiographie a déjà largement démontré que l’argumentaire de “la terre promise” fut surtout un vernis religieux, visant à dissimuler la réalité coloniale crue du sionisme politique. L’on n’aura jamais trop fait de répéter que le Congrès de Bâle qui, en 1897, mit en branle le projet d’instauration d’un État juif, se déroula sur fond de compétition acharnée entre les grandes puissances occidentales pour la conquête coloniale du Moyen-Orient.
À l’heure où j’écris ces lignes, la nature économique et géopolitique du “conflit” israélo-palestinien demeure intacte. Le 20 novembre 2023, le quotidien israélien Haaretz documentait la tenue de pourparlers entre les gouvernement étasunien et israélien pour l’exploitation des gisements de pétrole off-shore de la bande de Gaza.
Des analystes géopolitiques du conflit soulignent également l’intérêt stratégique de Gaza au regard du projet ancien de “Canal Ben Gourion” - un projet visant à creuser une voie économique navigable alternative au Canal égyptien de Suez (qui fut la source de nombreux conflits géopolitiques du second 20ème siècle, à commencer par la guerre de 1967 entre Israël et l’Égypte.)…
Alors oui, je le répète : j’ai peur. Et pourtant, je parlerai quand même. Car comme l’écrivit Zora Neale Hurston, si je ne crie pas, ils me tueront tout de même, mais ils diront en plus que j’ai aimé ça.
Mais il n’y a pas que la peur. Il y a l’amour, l’espoir et la gratitude.
La gratitude pour les communautés qui se renforcent et se créent dans l’adversité. Pour les Justes qui se lèvent dans tous les « camps », car iels savent bien qu’il n’y a guère de camp que celui de l’Humanité et du respect intransigeant de la Vie. Car nous portons dans nos cœurs ces mots-boussoles du judaïsme : « Si je ne suis pas pour moi, qui le sera ? Si je ne suis que pour moi, que suis-je ? Et si pas maintenant, quand ? ».
Il y a aussi la colère. Ce feu en moi que j’ai tellement tenté d’étouffer lorsque j’étais plus jeune, parce qu’il est tant diabolisé par l’injonction au silence poli de l’Occident. Ce n’est pas nous qui libérons la Palestine, ai-je entendu ces dernières semaines, c’est la Palestine qui nous libère. Et oh ! comme je le ressens. Ce feu de colère qui se ravive en moi et qui, plutôt que de me consumer, me propulse et me dévoue encore plus à mon sacerdoce. Notre colère est sacrée. Elle est la plus haute expression de notre spiritualité, à condition qu’elle prenne racine non dans la haine, mais dans l’Amour. Un amour intransigeant précisément parce qu’il est débordant. L’amour des opprimés, et aussi, l’amour des oppresseurs ; l’amour qui rappelle ces derniers à leur propre humanité qu’ils ont visiblement oubliée.
Il y a, enfin, la fierté. La fierté de ces peuples du Sud global qui ne s’y sont pas trompés et qui, malgré les tentatives d’intimidation des « grands États » de ce monde, ont parlé avec clarté : Cuba ; l’Afrique du Sud et les héritiers de Mandela ; la Bolivie, la Colombie ; la jeunesse de Séoul, de Mexico, de Paris et de Londres qui défile par centaines de milliers dans la rue ; les Premières Nations du Canada qui dansent le pow wow drapés de keffiehs… et tant d’autres encore.
L’historien afroétasunien Cédric Robinson, père du courant intellectuel du Black radicalism, a écrit que “les opprimé.es sont investis d’une autorité morale”. En effet, plus que quiconque, elleux connaissent dans leur chair le goût de la domination et le coût de la liberté. Notre compréhension de l’équité n’est pas issue de théories abstraites de sciences politiques et de dissertations pompeuses sur l’éthique de la justice selon John Rawles : elle est forgée dans trois siècles de praxis, inscrits dans nos mémoires corporelles et ancestrales. Et je le sais, cette praxis, cet Amour, sauvent l’humanité toute entière.
« La survie est un art », a dit le poète.sse Alok. Cet art, nos lignées ont appris à s’en rendre maîtresses. Les ancêtres veillent, guident et protègent. Alors, alchimisons la peur en courage, m’a dit récemment une amie arabe. “Tsipaky ny miala aina”, m’a dit une autre femme - Malaika. Ce proverbe malgache signifie “les derniers soubresauts de celui qui perd la vie”. Oui, la violence intensifiée du monstre qui agonise est terrifiante, mais elle ne doit guère nous paralyser, car elle ne durera pas. À vrai dire, elle ne fait que confirmer que nous avons déjà gagné.
Ashé.
Merci Isis pour ce post fort et émouvant!
Ca me donne des frissons et je voulais te le dire
Bravo et continue!!!
Je t'embrasse et t'espère au mieux
Je suis de retour en région parisienne depuis peu